don't forget us - w/ zoya

lundi matin, j'ouvre les yeux, assoiffée d'avoir mangé trop salé hier soir. j'aurais pu boire la mer et ses poissons comme disait l'une de mes mères. je coche encore les cases du calendrier comme j'en avais eu l'habitude depuis toute petite, mais à quoi bon maintenant. depuis le jour fatidique, j'essaye de prendre les choses en main, je quémande, je dirige, je gère, par vents et par monts. comme ça, je n'ai pas le temps d'y penser. j'avais gardé le silence. la première où on m'a expliqué. j'avais crié la fois où j'ai compris. plus jamais je n'allais le revoir. mon frère, mon grand frère. garder le contrôle, s'occuper l'esprit, encore, toujours.
j'avais donné rendez-vous à zoya à l'hôpital, je savais qu'elle y fouinait son nez de temps en temps pour trouver des substances dont elle avait besoin pour son affaire. et moi, je devais ramener des médicaments et des livres médicaux au qg pour les permanences des pseudos médecins. J’aurais pu laisser d’autres ados s’en charger de cette petit course, j’aurais pu, et probablement du, mais c’était toujours plus simple que d’attendre des autres. 
« Zoya, par ici ! » elle était belle, avec ses cheveux retombant sur ses épaules et son regard pétillant. elle avait ce je ne sais quoi qui me faisait l’admirer. je savais bien qu’elle était loin d’être celle qu’elle prétendait être. « comment tu vas ? on a pas eu le temps de se voir en tête à tête depuis… tu sais. » jouant avec ma bague, mordant l’intérieur de ma joue, je sentais mon coeur s’accélérer, attendant le fameux, « et toi ? » auquel je n’avais pas la réponse. devais-je lui dire la vérité ? celle qui me tord l’estomac, qui noue mon coeur et creuse mes joues ? 
j'ouvrais les placards de la pharmacie située au sous-sol un par un afin de trouver ce dont j'avais besoin, mes mains moites glissaient le loin des poignées cassées à cause des codes bloquant l'accès. je n'osais pas la regarder en face, de peur qu'elle devine tout. je devais sembler forte, pour elle, pour eux, pour moi. 

Un œil ouvert, qu'elle referme assez rapidement. Une petite moue se forme sur son visage. Elle vient tout juste de se réveiller mais n'a clairement pas envie de se lever. Ses mains s'accrochent à son oreiller, comme ci elle ne voulait pas le lâcher. Elle finit par entendre son frère et sa sœur se chamailler et elle se dit qu'elle peut pas laisser sa meilleure amie solo dans cette ambiance, alors elle finit par sortir de son lit. Après avoir râlé car ils ont fait trop de bruit à son goût -ou juste car elle avait envie de râler-, elle se prépare son petit déjeuner. Elle a à peine finit de manger que son téléphone sonne, un message s'affichant sur l'écran. Pas totalement réveillée, elle le regarde sans grande conviction, mettant quelques secondes à comprendre que c'est Maddie qui demande à la voir. Et d'un coup, elle est pris d'un élan d'énergie et de motivation, là voilà qui se presse pour aller se préparer. Quelques minutes plus tard, là voilà toute prête, sac sur l'épaule. Sa copine lui a demandé de rapporter à boire alors elle emporte une bouteille de soda ainsi que deux verres. Elle a pensé à prendre une bouteille de champagne mais déjà il est dix heures du matin et l'heure n'est pas réellement à la fête. « A PLUS LES MOCHES ! », qu'elle hurle en claquant la porte de la maison, se dirigeant vers le lieu de rendez-vous.
Quand elle arrive, une jolie petite tête blonde l'interpelle, alors elle se dirige vers elle. Cela n'est pas vraiment inhabituel que les deux se retrouvent à l'abri des regards. Leur amitié a commencé il y a quelques années et pourtant, peu de personnes sont au courant. « Je sais pas trop pour te dire la vérité. C'est trop le bordel en ce moment. » Elle souffle, prenant appui sur le mur derrière elle. En ce moment, elle est juste perdue avec tout ce qu'il se passe. « Et toi alors tu t'en sors ? », elle lui demande en la regardant faire, avant de jeter un coup d’œil vers l'extérieur. Elle ne voit pas son visage, la blonde étant de dos, mais elle continue tout de même. « En tout cas, je suis bien contente que ce soit toi qui tienne les rennes de la ville. Il y a tellement de débiles et de gens que je peux pas voir, ça aurait pu être un EN-FER. » Puis Mads elle a la tête sur les épaules, elle est intelligente et elle saura consolider les troupes. Elle en doute pas Zoya. « Bon courage pour gérer tous ces guignols en tout cas. », elle lui rétorque avant de rire.